Les scientifiques allemands Victoria Amo, Nikolai Godt, Johannes Leugering et le chercheur perpétuel sur ce sujet, Kristoffer Appel, ont mené une autre expérience sur la communication en temps réel avec des rêveurs lucides. Mais il faut le préciser d’emblée : les participants ne dormaient pas. Néanmoins, ils devaient transmettre des informations par le biais de mouvements oculaires, enregistrés par électrooculographie.
L’étalon-or pour confirmer la lucidité dans un rêve implique que le rêveur lucide bouge ses yeux de gauche à droite. Cela permet de communiquer au niveau « oui/non » ou de transmettre des chiffres (ce qui a été utilisé dans l’expérience menée par Karen Konkoly en 2021). Mais cela ne suffit pas pour une communication complète. En 2022, des chercheurs de REMspace ont déchiffré pour la première fois une phrase d’un rêve lucide et, un an plus tard, ils ont développé un langage artificiel appelé Remmyo.
Actuellement, les scientifiques allemands se basent sur les signaux oculaires classiques, mais y ajoutent des mouvements verticaux. Les auteurs ont dessiné une grille 3×3 de neuf cellules : huit d’entre elles (sauf celle centrale) contenaient des lettres de l’alphabet anglais, avec trois à quatre chacune. Par exemple, en haut à gauche – abc, en haut au centre – def, en haut à droite – ghi, etc. Les participants devaient fermer les yeux, visualiser mentalement cette grille et déplacer leurs yeux vers les cellules nécessaires pour former des mots. Des capteurs apposés sur leurs visages enregistraient les mouvements.
Comme le notent les chercheurs, cela ressemble aux anciens téléphones à clavier, où il y avait trois à quatre lettres sur chaque bouton. Les programmes modernes n’ont aucune difficulté à déchiffrer de tels messages et à déterminer à quelle lettre spécifique il s’agissait. Certains participants ont transmis le texte avec une précision de 100 %, tandis que d’autres ont commis des erreurs mineures, qui transmettaient néanmoins le sens souhaité. Les phrases étaient simples, par exemple : « Bonjour ! Ceci est un message test. »
Pour la deuxième expérience, les scientifiques ont encore simplifié la grille, qui ne comprenait désormais que cinq cellules. Comme auparavant, celle du centre était vide (regarder le centre signifiait un espace entre les mots), tandis que les quatre autres (regarder vers le haut, le bas, la gauche et la droite) contenaient des lettres – cette fois allant de six à huit dans une cellule. Cela augmente le risque d’erreurs de déchiffrement en raison de l’abondance des variations, mais permet aux participants de se concentrer plus facilement sur la bonne cellule avec leur regard.
En conséquence, la précision du déchiffrement dans la première expérience était de 77 % et dans la seconde de 97 %. Les chercheurs notent que le problème de la vitesse est également abordé : le temps moyen qu’une personne passe dans un rêve lucide est d’environ 14 minutes, et si, par exemple, le code Morse était utilisé (comme le suggèrent d’autres chercheurs), la transmission d’informations prendrait un certain temps. Avec cette méthode, les participants ont pu transmettre 26 lettres en une minute. Les auteurs ajoutent que, bien entendu, l’expérience doit être répétée avec des rêveurs lucides – cette fois pendant le rêve.
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La prépublication de l’article a été publiée en décembre 2023 sur PsyArXiv.
