Le stress est un facteur important d’augmentation de la fréquence des rêves lucides (RL). De nombreux chercheurs le reconnaissent et mènent donc des expériences, par exemple sur des étudiants, c’est-à-dire des personnes qui vivent constamment dans un état de tension. Les scientifiques allemands Beate Klofat et Ulrich Steingen ont élargi l’échantillon aux prisonniers : après tout, eux aussi sont plongés dans le stress.
Les auteurs ont envoyé des propositions à plusieurs prisons, mais seuls les détenus de Hanovre ont participé à l’enquête, soit 33 personnes au total. Comme prévu, ils sont nombreux à faire des cauchemars : 33% – plusieurs fois par semaine, 21% – presque toutes les nuits. D’ailleurs, plus le crime est grave, plus les plaintes concernant les cauchemars sont nombreuses : les voleurs et les escrocs dorment généralement mieux que ceux qui ont commis les attentats, et bien mieux que ceux qui risquent la peine de mort.
Les auteurs qualifient la fréquence des rêves lucides d’étonnamment élevée : 63 % déclarent être familiers avec le monde des RL (contre 51 % dans la population générale). Dans le même temps, ils étaient assez nombreux à pratiquer le RL de manière constante (48 % – mensuellement, 15 % – hebdomadaire). Cependant, comme l’ajoutent les chercheurs, on ne sait pas clairement qui des prisonniers le fait naturellement et qui s’y engage délibérément.
L’une des explications possibles d’un tel nombre de RL est une réaction au stress et une tentative de surmonter un traumatisme. De plus, les rêves lucides peuvent être un moyen de diversifier le quotidien dans le quotidien monotone et limité de l’incarcération. Cependant, comme le notent les auteurs, il serait dans tous les cas utile d’utiliser cette opportunité à des fins psychothérapeutiques.
Quel groupe social choisiriez-vous pour l’étude ?
L’article a été publié en août 2023 dans la revue Somnologie.
